Par Alex Gauthier
Directeur général de la Fédération québécoise des organismes communautaires Famille (FQOCF) et père de deux garçons
À peine avons-nous tourné la page sur 2023 que 2024 s’annonce déjà comme une année complexe pour un grand nombre de Québécoises et de Québécois. Et je dois vous exprimer ma plus grande préoccupation : le bien-être de nos familles.
Les familles du Québec vivent sous le poids d’un stress financier et émotionnel excessivement écrasant, exacerbé par une économie fluctuante et incertaine, sans compter des défis sociaux grandissants. Cette situation accroît d’autant plus la demande pour les services d’accompagnement et de soutien des organismes communautaires Famille (OCF), qui sont désormais confrontés à un visage de la vulnérabilité en transformation.
Une analyse sur l’impact de la hausse du coût de la vie sur les familles québécoises récemment réalisée pour la Fédération québécoise des organismes communautaires Famille (FQOCF) permet de constater qu’en 2022, plus d’un parent sur quatre considérait ses revenus insuffisants pour répondre aux besoins de base de sa famille (logement, alimentation et habillement). Cette proportion augmente à plus d’un parent sur deux chez les familles à faible revenu (53,8%) et elle est également plus élevée pour les parents de famille monoparentale (43,1%). Cette situation constitue une source de stress insoutenable pour les familles.
La hausse du coût de la vie, en particulier les hausses de prix des aliments, du transport, du logement et des services de garde éducatifs à l’enfance, impose une forte pression sur les familles du Québec. L’impact de cette pression ne se limite pas aux portefeuilles ; il pèse sur le moral, la santé mentale des parents et la stabilité de nos foyers, alors que ce qu’on appelait jadis la « classe moyenne » est plus que jamais en voie d’extinction.
Il est impératif que le gouvernement reconnaisse et soutienne ces transformations. Alors que l’Assemblée nationale s’apprête à reprendre ses travaux mardi prochain et que le gouvernement Legault prépare son prochain budget, il est crucial que les décisions prises par nos élus tiennent compte de ces réalités. Chaque dollar investi dans le milieu communautaire ne devrait jamais être vu comme une dépense; c’est surtout un investissement dans l’avenir de notre société. Les OCF sont des lieux d’accueil et des piliers de force, d’éducation, et de soutien pour les familles qui demandent de l’aide. De par leur complémentarité avec le système public, ils permettent de prévenir et d’éviter l’aggravation de situations de crise, réduisant ainsi la pression sur notre système de santé et de services sociaux.
La santé et la résilience de nos familles sont directement liées à la santé et à la résilience de notre société dans son ensemble. Les 280 OCF répartis sur l’ensemble du territoire de la province sont en première ligne pour aider nos familles. Pourtant – et j’en ai moi-même été témoin lors d’une récente tournée des régions du Québec -, les équipes sur le terrain se retrouvent submergées par une demande qui ne cesse de dépasser les maigres moyens qui leurs sont octroyés, nécessitant une bonification substantielle de leur financement gouvernemental pour pouvoir continuer à offrir leurs services essentiels aux milliers de familles qu’elles soutiennent au quotidien. Ce n’est pas seulement une question de financement, mais aussi de reconnaissance de l’importance cruciale des OCF dans le maintien de notre filet social.
Nous avons le devoir de veiller à ce que nos familles ne soient pas laissées pour compte. Le gouvernement du Québec a une responsabilité importante à assumer dans ce processus. Il est primordial de forger un avenir où chaque famille québécoise pourra s’épanouir à son plein potentiel.
Pour terminer, j’émets le souhait que le gouvernement Legault placera les familles au cœur de sa prochaine stratégie budgétaire, en mars prochain. Nous appelons également à un engagement renouvelé et renforcé envers les OCF du Québec, afin qu’ils puissent poursuivre leur mission vitale auprès des familles québécoises.
Ensemble, faisons de 2024 l’année où le gouvernement et les communautés uniront leurs forces pour le mieux-être de toutes les familles de chez nous.